3. L'exploitation économique et les résistances à la colonisation

Etablir pour accroître la puissance économique de la métropole, la colonisation donne lieu à une exploitation économique intensive de la Côte d’Ivoire. Elle est retardée par les résistances de populations encore mal soumises (les Lobi et les Guéré jusqu’en 1946). Elle s’exprime néanmoins dès la première guerre mondiale à travers l’effort de guerre. Elle s’intensifie en même temps que se fait la mise en valeur de la colonie.

3.1.  L’effort de guerre.

En 1910, Mangin (1866-1925) lança l’idée de la “ force noire ” comme renfort de l’armée française. Elle fut appliquée pendant la première guerre mondiale. 50000 hommes furent levés dans tout l’AOF jusqu’en 1917 ; à cette date Clémenceau envoya le député sénégalais Blaise Diagne en mission pour assurer de nouveaux recrutements. Le gouverneur général Van Vollenhoven s’y opposa et fut rappelé. Diagne réussit à envoyer 63000 nouveaux soldats. Près de 30000 noirs d’AOF moururent pour la France.

3.1.1. Le recrutement militaires.

Il s’effectue sur presque toute l’étendue du territoire (24000 recrues). Les populations du Nord et des savanes baoulés (25% des recrues) sont les plus sollicitées.

3.1.2. L’effort économique

L’époque de “ la défense nationale ” est marquée par la priorité donnée aux produits de cueillette (kola, caoutchouc, coton, vivres, huiles de palme). Il s’agit de répondre aux besoins des troupes au front. Le colonisateur cherche aussi des ressources naturelles, faciles à exporter. Sous la contrainte (chicote, emprisonnement) les populations doivent fournir les produits demandés par l’administration. Les populations sont aussi obligées d’abandonner leurs villages pour se regrouper le long des nouvelles pistes commerciales. Face à ces exactions, une résistance s’organise contre la colonisation.

3.2.  La résistance à la colonisation

La résistance se manifeste partout. Elle est généralement passive et elle est organisée par des notables excédées, elle prend diverses formes.

*   Actions de désobéissance aux autorités (chefs de cantons, de tribus, Administration).

*   Réactions contre l’intensification de nouvelles cultures (exemples du coton : nouveaux plants arrachés ou ébouillantés).

*   Fuite vers d’autres circonscriptions, ou même en Gold Coast (populations du Sud-Est) et au Libéria (Dan et Wé).

*   Vaste mouvement de destruction d’ignames et de cheptel dans le Baoulé en 1917-1918 pour affamer les troupes coloniales et insurrections armées (Attié en 1918, Guéré et Lobi jusqu’en 1946).

Cette hostilité manifestée aux colons ne facilite pas la mise en valeur systématique de la colonie sans en empêcher cependant l’exploitation.

3.3.  L‘exploitation de la colonie.

L’exploitation de la colonie repose sur :

3.3.1. Le développement des cultures d’exportation

Jusqu’en 1930, les produits de cueillette constituent l’essentiel de la production et des exportations :

*   kola,

*   produits du palmier,

*   bois : l’abattage des bois précieux, teck et surtout acajou se développaient pour le compte de quelques sociétés métropolitaines.

*   caoutchouc : l’administration encourageait cette récolte dont la demande ne cessait de croître sur les marchés européens.

Mais la surproductions et la concurrence des premières plantations d’Extrême Orient provoquèrent une crise qui affecta notamment la Côte d’Ivoire.

Après la guerre de 1914-1918, la transformation économique suit l’organisation. Aux exportations le caoutchouc disparaît, les palmistes stagnent ; les bois progressent ; des chantiers forestiers ont été établis par des européens le long des lagunes, on atteind les 150 000 tonnes en 1928 ; c’est surtout l’acajou qui est abattu. Mais le développement spectaculaire est celui du cacao, en effet à partir de 1930, le café et la cacao l’emportent sur tous les autres produits et dominent l’économie. Pour le cacao, on atteind les 1000 tonnes en 1920, 20000 tonnes en 1930 et en 1938 : 55 000 tonnes. La colonie entre ainsi dans l’ère de l’économie de plantation. A ces deux produits s’ajoutent le coton (Au Nord et au centre), la banane (12000 tonnes en 1938) et le bois. Les principales exploitations sont européennes avant 1945. Elles bénéficient d’une main d’oeuvre africaine presque gratuite.

3.3.2. Le développement du commerce.

Entre 1905 et 1930, les maisons de commerce européennes s’installent à partir du Nord et de la côte. Les principales sont la S.C.O.A., la C.F.A.O., Peyrissac. Elles visent essentiellement la collecte des produits locaux et l’écoulement des produits importés. Ces maisons fonctionnent selon une structure pyramidale : siège en Europe, succursales dans la colonie, factoreries (magasins) et plusieurs traitants disséminés dans tout le pays. Le commerce entre Africains, orienté vers le Nord (Kola), se maintient et même se développe.

3.3.3. Les équipements et l’infrastructure.

Les équipements et l’infrastructure sont un facteur important de l’exploitation économique. Le développement du réseau de communications vise à relier les postes français entre eux, à faciliter l’écoulement des produits locaux vers les wharfs : un chemin de fer Sud-Nord part de la lagune d’Abidjan en 1904, atteind Agboville en 1907, Bouaké en 1912 et Bobo-Dioulasso en 1933 (793 km de rails). La réalisation de ces travaux est effectués grâce au recrutement obligatoire de la population (travaux forcés). Entre 1920 et 1933, de nouvelles routes sont ouvertes. A partir de 1933, on assiste à une amélioration du réseau surtout en zone forestière Sud-Est et Est). Des écoles sont ouvertes. Elles forment des auxiliaires su système colonial destinés à l’administration et aux entreprises européennes. La scolarisation est très peu développée. Des postes médicaux indigènes (P.M.I.) et des hôpitaux (à Abidjan, Hôpital annexe pour les africains, Hôpital central pour les Européens) sont construits. Il s’agit de mettre en place un système de protection sanitaire des populations qui permet surtout de fournir des soins aux travailleurs et de diffuser l’hygiène dans les villages.

3.3.4. Le financement de la colonie.

La mise en valeur de la colonie se réalise essentiellement par l’utilisation de ses ressources propres. Le colonisé en est le principal acteur. Il y participe par :

*   Le paiement d’un lourd impôt de capitation.

*   Des prestations obligatoires et gratuites (10 à 12 jours de travail par colonisé et par an).

*   Des emprunts en métropole remboursables.

L’investissement privé est très faible. En définitive, la colonie ne coûte pas cher à la métropole. Cette politique de mise en valeur est freinée par la crise économique de 1930.

3.3.5. La crise économique de 1930

La crise économique affecte la côte d’Ivoire dès 1930. Jusqu’en 1935, cette crise se traduit par :

*   une baisse vertigineuse des prix

*   un important recul de la production des denrées d’exportation.

*   La baisse des achats de produits importés

*   Les difficultés de paiement de l’impôt de capitation.

Cette crise frappe donc les producteurs européens et africains. Elle réduit les profils des maisons de commerce dont certaines font faillite. Les ressources financières de la colonie baissent. La politique d’équipement s’en ressent. C’est la crise de l’économie coloniale.

Pour y remédier, le gouverneur Reste lance un programme de redressement et d’intensification de la production, malgré la chute des prix. Il veut favoriser aussi la relance de l’activité commerciale (premières foires en Côte d’Ivoire). Grâce à des emprunts en métropole, il relance la politique d’équipement

Pour y remédier, le gouverneur Reste lance un programme de redressement et d’intensification de la production, malgré la chute des prix. Il veut favoriser aussi la relance de l’activité commerciale (premières foires en Côte d’Ivoire). Grâce à des emprunts en métropole, il relance la politique d’équipement.

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1. L’IMPERIALISME EUROPEEN AU XIX ème SIECLE ET LES RESISTANCES A LA CONQUETE COLONIALE.

2. LE SYSTEME D’ADMINISTRATION COLONIALE    

3. L’EXPLOITATION ECONOMIQUE DE LA COLONIE ET LES RESISTANCES A LA COLONISATION

BIBLIOGRAPHIE     

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